L’argent, sujet tabou dans la société … A l’école c’est carrément un scandale …
Dans les classes coopératives qui utilisent les techniques Freinet et la pédagogie institutionnelle, où les apprentissages ont du sens, il est parfois question d’argent.
Le journal, vrai travail, ne vaut pas rien : il est vendu. Cela n’a jamais posé de problèmes aux familles, même en REP+ où je travaille depuis quasiment toujours.
Précaution obligatoire : une coopérative de classe avec un trésorier (un élève compétent en mathématiques en cycle 3; moi dans les classes de maternelle, CP et CE1 ).
L’argent du journal est source d’une multitude de problèmes. Un exemple dans une classe de CP.
Problèmes mathématiques liés à la vente
Le 1er décembre, le premier journal de l’année est agrafé. Après la petite collation pour fêter l’évènement, nous parlons de la vente du journal. Le prix a été décidé au conseil : 5 euros.
Les questions qui se posent alors :
- Comment s’organise-t-on ? C’est la première vente de l’année.
- Combien avons-nous de journaux à vendre ? Nous tirons à 50 exemplaires, environ 10 (variable selon les trimestres) sont donnés ou gardés : un pour la bibliothèque, un pour les correspondants, le maire, l’inspecteur, les personnes qui nous ont reçues pour des enquêtes, la concierge, les classes qui nous ont envoyé leur journal, …
- Chacun a un journal à vendre. Comment gérer la vente ? Un métier est décidé. Deux élèves ont le métier : ils sont chargés de remplir le tableau (nom de l’élève, journaux pris, vendus) et de redonner un journal à ceux qui veulent en vendre un autre.
Problèmes avec l’argent récolté
- Combien de sous avons-nous ?
Une équipe travaille avec les vraies pièces et billets. Chaque équipe pourra compter l’argent en vrai pendant les ateliers de l’après-midi.
Les autres élèves travaillent avec des photocopies de l’argent récolté.
1er essai : j’avais volontairement photocopié les pièces et les billets aléatoirement.
2e essai : après discussion, la proposition de grouper les mêmes pièces et billets pour les photocopier a été faite.
Les enfants travaillent d’abord seul puis par deux : l’un explique à l’autre comment il a fait et vice versa.
Puis nous mettons toutes les recherches en commun. Résultat: nous avons gagné 150 euros.
- Au Conseil est posée la question : que va-t-on faire avec les sous ?
Plusieurs propositions : acheter un vélo, des bonbons, des jeux, aller à l’aquarium. Des questions fusent alors :
- Combien ça coûte ?
- A-t-on assez ?
- Est-ce qu’on doit économise ?
- Si on vend le même nombre de journaux la prochaine fois, aura-t-on assez ?
La question “qu’est-ce qu’on fait avec nos sous ?” reviendra plusieurs fois au Conseil. Les calculs, les recherches dans les catalogues, se font en dehors du Conseil, sur les plages horaires de mathématiques.
Travail avec les catalogues de jouets
Les enfants découpent les jouets qui leur plaisent et doivent ensuite faire du tri : ceux que nous pouvons acheter, ceux que nous ne pouvons pas acheter.
Finalement, nous achèterons une cage, de la paille pour le hamster qu’une grand-mère d’un élève nous a offert pour Noël.
Problèmes de mathématiques : utiliser les richesse de la classe
Dans la classe, milieu vivant et complexe, quand la maîtresse ne résoud pas les problèmes, les enfants vont devoir les résoudre. Les problèmes sont travaillés pendant les séances de mathématiques prévues à l’emploi du temps : pas de contenu, de notion prévues, chacun va tenter à son niveau de résoudre le problème du groupe.
C’est une démarche de création, pas de reproduction.
L’entraînement individuel (opérations, numération, etc) prend alors tout son sens dans de futures séances.
Les occasions de compter pour de vrai en classe sont nombreuses dans les classes coopératives. Si d’autres exemples vous intéressent, en maternelle, aux cycles 2 ou 3, indiquez-le dans les commentaires.
On peut utiliser des jeux pour consolider les apprentissages. Dans ma classe, les jeux avaient toute leur place, l’après-midi pendant les ateliers.
Pour ceux qui sont intéressés par les recherches mathématiques à partir de la vie de la classe,
un livret y est consacré.
Voici les grands chapitres de ce livret :
- Le principe
pourquoi baser l’apprentissage des math sur les problèmes vécus
- La méthode en 8 étapes
- Comment débuter quand on a toujours eu un manuel
- Comment respecter les programmes
- Comment formaliser les apprentissages
- Des exemples en maternelle
- Des exemples en élémentaire
- Une liste de nombreuses possibilités de problèmes
Dans tous les domaines.
- Des exemples de fiches récapitulatives
de notions travaillées dans les problèmes
(pour le cahier de math des enfants)
- La boîte à problèmes
Le principe et des exemples
- Les ceintures de couleurs pour évaluer
Partagez l’article si vous pensez que cela peut aider un-e collègue.
C’est aussi comme cela qu’on amorce le changement.
Merci !
bonjour
pas de souci quant au vrai argent mais plutôt sur la monnaie interieure que j’ai introduite en classe. Cela perturbe les parents d’élèves !
Bonjour Véronique,
Oui, parfois les parents sont surpris de la monnaie intérieure. Chez moi, elle s’appelle le point. Je leur dis que ces points ne sont ni bons, ni mauvais 🙂 et que c’est très utile pour apprendre à compter. Au début, je n’en dis pas plus. Certains parents vont rapidement comprendre l’intérêt. J’en reparle plus tard dans l’année aux parents lorsqu’ils ont vu que cette monnaie n’a rien de dangereux, bien au contraire. 🙂 Avez-vous lu l’article sur la monnaie ? Voir lien ci-dessous 🙂
https://isabellerobin.eu/donneur-de-lecons-sabstenir/