choix de texte

Comment faire écrire les élèves tout au long de l’année ?

Faire écrire les élèves une fois, ce n’est pas sorcier. Les faire écrire toutes les semaines en gardant leur désir d’écrire est nettement plus compliqué …

Une méthode (parmi d’autres): le choix de texte.

 

 

Au préalable : comment l’enfant écrit ?

Le choix de texte suppose que les enfants écrivent. Ne tournerait-on pas en rond ?

A l’emploi du temps, le lundi matin, après le quoi de neuf : « j’écris ». Chaque enfant a un cahier de textes (cahier de travaux pratiques : une page blanche en face d’une page lignée).

Après le quoi de neuf, les enfants vont à leur place dans leur équipe de vie.

Trois métiers indispensables à ce moment-là :

  • Le(s) responsable(s) des cahiers distribue(nt) les cahiers.
  • Le responsable des crayons de bois et le responsable des crayons de couleurs installent les pots de crayons dans les équipes.

 

Quand l’enfant a son cahier, il cherche la bonne page. Il apprend : on n’écrit pas n’importe où dans le cahier. Je vérifie. L’ATSEM (assistante maternelle) peut aider ainsi que le(s) « grand(s) » de l’équipe. L’enfant peut alors commencer à écrire. En fait à dessiner une histoire, vraie ou imaginaire.

 

Pendant ce temps, je m’installe à la « table d’écriture ». Un banc est installé près de cette table.

Lorsque un enfant a terminé son dessin, il pose son cahier sur le banc, prend de la pâte à modeler mise à disposition ou des puzzles ou tout autre activité calme prévue et annoncée avant le début de la séance « j’écris ». Il retourne à sa place.

 

J’appelle au fur et à mesure les enfants qui viennent dicter leur histoire que j’écris en majuscules (les enfants tapent leur histoire à l’ordinateur dans la semaine. Ne pas multiplier les difficultés : les lettres du clavier sont en majuscules). Je n’écris pas toute l’histoire, ce serait trop long (j’ai eu jusqu’à 34 élèves). J’écris soit une phrase qui résume l’histoire, soit une phrase importante. Je décide avec l’élève. L’élève retourne à sa place jouer à la pâte à modeler ou aux puzzles.

 

Certains enfants veulent s’entraîner à écrire : ils recopient sous le modèle. Selon la couleur en écriture, je peux faire un modèle en majuscule ou en cursive. Ce travail d’entraînement à l’écriture est payé. La dictée de l’histoire n’est pas payée.

 

Le choix de texte a lieu après la récréation le même jour. Cela aide les petits de la classe à faire le « lien » : j’écris pour raconter, pour être écouté et pour être (é)lu.

Début février, un choix de texte en maternelle

Dans une classe moyenne et grande sections de maternelle. 24 élèves.

Chaque élève a « écrit » un texte le matin.

Tous les élèves sont sur les bancs devant le tableau avec leur cahier posé devant eux par terre. Un petit en comportement « coincé » entre deux grands en comportement.

Je préside. Rémy, jaune en comportement est secrétaire. Il va dessiner les histoires racontées.

La présentation des textes

– Moi, en tant que présidente : Le choix de texte commence. Silence. Qui a un texte à présenter ?

16 élèves lèvent la main. J’écris les prénoms dans les cases préparées à l’avance puis je passe la craie au secrétaire.

 

– Moi, présidente : Arthur a la parole.

C’est un grand en comportement et en histoire. Comme pour tous les moments de parole, c’est un grand qui commence « pour donner le ton ». On intercale des petits entre les grands. Arthur vient devant les autres avec son cahier.

 

« J’ai été chez ma mamie. J’ai vu mon cousin. On a joué au foot.

– Moi, en tant que présidente : Qui a une question ou quelque chose à dire ?

– Laurie : Qui a gagné ?

– C’est mon cousin. Il a mis cinq buts et moi trois.

– Justine : Comment s’appelle ton cousin ?

– Cécilia : Est-ce que t’as fait autre chose chez ta mamie ?

– J’ai mangé.

– Valentine : Qu’est-ce que t’as mangé ?

– Du jambon avec des frites et un yaourt.

– Cloé : C’était bon ?

– Didier : C’est vrai ou imaginaire ?

– Moi en tant que présidente : On passe. Alban a la parole.

– Ma maman.

– Moi en tant que présidente: Qui a une question ou quelque chose à dire ? Anatole.

– Qu’est-ce qu’elle fait ta maman ? (Silence)

– Marion : Est-ce qu’elle joue ?

– Justine : Ça ne joue pas une maman. A quoi elle joue ta maman ?

– Sais pas.

– Moi, en tant que présidente : On passe. Valentine a la parole.

– Je suis allée à la piscine avec mon frère et ma mère et mon père. On a joué et papa, il a plongé.

– Moi, en tant que présidente : Qui a une question ou quelque chose à dire? Alex.

– Est-ce que tu sais nager ?

– Mon père, il m’a portée sur son dos et j’ai eu la tête sous l’eau.

– Léopold : A quoi t’as joué avec ton frère ?

– On a joué à cache-cache. Je me cachais derrière mon père et il bougeait et on a joué au loup. Mon frère n’arrivait pas à m’attraper alors on a changé et c’était mon père qui était le loup.

– On passe. Amaryllis a la parole.

– Ma grand-mère est malade.

– Moi, en tant que présidente : Qui a une question ou quelque chose à dire ? Cloé.

– Qu’est-ce qu’elle a ?

– Sais pas. Elle est à l’hôpital.

– Valentine : T’es allée la voir ?

– J’ai pas le droit pour l’instant.

– Nadine : C’est vrai ou imaginaire.

– Moi : Est-ce que tu es inquiète ?

– Maman dit qu’ils savent pas s’ils vont l’opérer.

– Gustave : Tu voudrais qu’ils l’opèrent ?

– … Je sais pas.

– Moi : Tu voudrais surtout que ta grand-mère guérisse et sorte de l’hôpital.

– Moi : Tu pourras nous donner des nouvelles, au quoi de neuf par exemple.

– On passe. La parole à Thibaud. (Il montre son dessin, qui, pour nous est un gribouillis. Thibaud ne parle quasiment pas.)

– Justine : Est-ce que c’est une maison ? (C’était son histoire de la semaine précédente).

– Camion pompiers. (en fait, on arrive à comprendre « camion pompiers » mais il dit « ca-on-on-é »)

– Léopold : T’as vu un camion de pompiers ?

– Miléna : Est-ce que c’est le camion de pompiers qui a éteint le feu à côté de la maison de monsieur Dupin ?

– Moi : Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

– Miléna : Samedi, monsieur Dupin, il a appelé mon père parce que la maison d’à côté brûlait. C’est mon père qu’a appelé les pompiers.

– Moi : A qui appartient cette maison qui a brûlé ?

– Miléna : A personne.

– Laurie : Est-ce que tu étais dehors pour voir les pompiers dans la rue ?

– Laurie : Moi aussi. Et y avait beaucoup de monde. Elle est toute cramée, la maison.

– Moi : Thibaud, as-tu eu peur du feu ?

– Moi en tant que présidente : On passe. La parole à Olan.

– Je suis allé au supermarché avec papa et maman. On a acheté un camembert.

– Marina : C’est vrai ou imaginaire ?

– Moi en tant que présidente : Qui a une question ou quelque chose à dire ? Nathan.

– Tu l’as mangé ?

– Baptiste : Pourquoi ?

– Je sais pas.

– Marion : T’as acheté autre chose ?

– Monique, l’ATSEM : Est-ce que tu aimes le camembert ?

– Moi en tant que présidente : On passe. La parole à Clia.

– La princesse porte le bébé. Le papa pleure. La police se déguise en bébé.

– Moi, en tant que présidente : Qui a une question ou quelque chose à dire ?

– Olan : Le papa pleure ?

– Ali : Pourquoi il pleure ?

– Parce que la police se déguise en bébé.

– Moi : Est-ce que les papas pleurent parfois ?

– Non, pas papa. C’est maman qui pleure, tout le temps au téléphone et dans sa maison aussi (Ses parents sont séparés. Le matin au quoi de neuf, elle nous a parlé de sa maman qui était loin).

– Moi : Dans ton histoire, la princesse porte le bébé. Où est-ce qu’elle l’emmène ?

– Elle le porte dans ses bras.

– Nadine : Où ils vont ?

– Ils se promènent.

– Tatiana : Et ils sont contents ?

– Oui ! (grand sourire !)

– Moi : Qui est le bébé ?

– Ben, c’est moi !

– Moi : Et tu es contente dans les bras de la princesse ?

– Oui !

– Moi en tant que présidente : On passe. La parole à Guy.

– C’est une voiture qui se transforme en lit et la maison se transforme en voiture et en camion.

– Moi en tant que présidente : Qui a une question ou quelque chose à dire ?

– Rachid : Et y a quelqu’un dans le lit ?

– Y a moi. J’ai un oreiller.

– Nadine : Le lit est dans la maison-voiture ?

– Non ! Y a plus de maison. C’est une voiture.

– Anori : Tu dors dehors ?

– Non ! Dans mon lit.

– Moi : Et tu dors bien ?

– Moi en tant que présidente : On passe. La parole à Mounia.

Mounia, 4 ans, est « petite » dans sa tête. Elle dessine régulièrement des histoires, sait me les dicter mais ne veut jamais les présenter (même si elle s’inscrit à pratiquement tous les choix de texte). Même attitude au quoi de neuf et au conseil. Rien de grave, nous en avons parlé … Quand elle sera plus grande dans sa tête, elle pourra parler … (ce qui arrivera en mai de la même année)

– Moi : On passe. La parole à Didier.

– Le chevalier jaune tue la bestiole vivante.

– Rachid : Pourquoi ?

– Parce qu’elle est méchante.

– Baptiste : Comment il la tue ?

– Avec son épée laser et il tranche la tête et puis la main et puis l’autre main et puis le pied et puis l’autre pied et il a une mitraillette.

– Ali : Elle a fait quoi pour être méchante la bête ?

– Elle a mangé les enfants.

– Marina : C’est vrai ou imaginaire ?

– Moi : Tu as déjà vu un chevalier jaune qui tue une bestiole ?

– Oui … A la télé.

– Nathan : C’est un dessin animé.

– Moi : Les dessins animés ce sont des histoires imaginaires, que des gens inventent dans leur tête et ils les dessinent.

– Ali : Oui, mais c’est vrai que je l’ai vu à la télé.

– Moi : Oui. Ce qui est vrai c’est que tu as vu le dessin animé du chevalier. Mais le chevalier qui tue la bestiole, c’est imaginaire.

– Moi (en tant que présidente) : On passe. La parole à … »

Lorsque les seize enfants inscrits (sauf Mounia) ont présenté leur texte, je résume les histoires d’une ou deux phrases en montrant chaque dessin effectué par le secrétaire :

 

  1. Je suis allée chez ma mamie. J’ai joué au foot avec mon cousin.
  2. Maman joue.
  3. Je suis allée à la piscine avec mon frère, ma mère et mon père.
  4. Ma grand-mère est malade. Elle est à l’hôpital.
  5. J’ai vu un camion de pompiers.
  6. Je suis allé au supermarché avec mes parents. On a acheté un camembert.
  7. La princesse porte le bébé. Le papa pleure.
  8. La voiture se transforme en lit. La maison se transforme en camion-voiture.
  9. Le chevalier jaune tue la bestiole.
  10. Le bonhomme dort.
  11. Je suis allée chez le docteur. J’ai eu une piqûre.
  12. Je suis allé chez le coiffeur.
  13. Mon papa regarde la télévision.
  14. Mon chat mange des croquettes.
  15. Un power rangers tue un loup.

Le vote

J’annonce rituellement : « Vous réfléchissez dans votre tête et vous choisissez deux textes qui vous plaisent et qui peuvent plaire à d’autres. Réfléchissez. »

 

Quelques secondes de réflexion … dans le silence …

 

Puis :

Moi, en tant que présidente : « Qui veut dire pour quel texte il va voter et pourquoi ?

 

– Rachid : Je vais voter pour « la piscine » parce que j’aime bien aller à la piscine et pour la princesse parce que la police se déguise en bébé et c’est marrant.

– Anna : Je vais voter pour la grand-mère d’Amaryllis parce que c’est pas marrant d’être à l’hôpital (elle en sait quelque chose Anna … Elle y va régulièrement. Cf l’histoire y a même plus de quoi de neuf le vendredi.) et pour le chat de Rachel.

– Ralf : Je vote pour le power ranger parce que moi aussi, j’en ai un et pour la police qui se déguise en bébé.

– Baptiste : Je vote pour la piqûre parce que j’aime pas les piqûres et pour le chevalier jaune parce que j’aime les chevaliers.

– Moi : Je vote pour la princesse qui porte le bébé. J’ai été étonnée que le papa pleure… Je me demande s’il ne voudrait pas porter le bébé lui aussi. Et je vote pour « mon chat mange des croquettes » parce que Ella a bien su nous raconter son histoire. Je n’ai jamais vu Félix mais j’ai maintenant l’impression de le connaître un peu. D’autre part, ce n’est pas souvent qu’Ella présente un texte. »

 

Ce moment des avis me semble important. Les enfants apprennent à voter. Au début de l’année, beaucoup votaient pour le texte du copain, pour leur texte. Ça arrive toujours mais de moins en moins.

 

On passe au vote. Le responsable des cubes distribue deux cubes à chacun pour matérialiser les deux voix.

 

– Moi, en tant que présidente : Qui vote pour « je suis allée chez ma mamie » ? (Les doigts se lèvent. Je passe avec une boîte et les enfants qui votent pour ce texte y déposent un cube. On compte les cubes.) 8 voix.

  • Qui vote pour « maman joue » ? 3 voix.
  • Quel est le texte qui a le plus de voix ?

– Olan : Clia 12 voix.

Moi, en tant que présidente : Le texte de Clia « la princesse porte le bébé » est élu et ira dans le journal.

ICI Le livret-formation complet, pas à pas pour mettre en place un journal en maternelle ou en élémentaire 🙂

Nous apprendrons à lire et à écrire avec le texte de Clia.

ICI le livret formation : travail sur la phrase-clé

Nous le mettrons au point l’après-midi.

Le choix de texte est terminé.

 

Le choix de texte a duré 35 minutes.

A partir du texte choisi, un travail en lecture, en français se fait la semaine suivante.

Si cela vous intéresse, voir le livret que j’ai écrit sur ce sujet.

Qui pratique déjà le choix de texte ? N’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires.

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